Déploiement de la 5G large bande


Point sur le respect des obligations de l’ARCEP

Contexte

Dans le cadre de la licence d’exploitation d’une nouvelle fréquence, l’ARCEP a imposé – dans la décision d’autorisation de chaque opérateur – plusieurs obligations concernant le déploiement de la technologie 5G.
La première a déjà été respectée par tous les opérateurs. Ils devaient construire plus de 3000 installations distribuant la fréquence 3500 MHz en 5G avant fin 2022.

La deuxième obligation porte cet objectif à 8000 avant fin 2024 et une troisième le porte à 10500 avant fin 2025.

D’autres obligations viennent s’ajouter comme la répartition entre zones denses et peu denses, voire industrielles. Une liste des communes à prendre en compte en zone peu dense est annexée à la décision d’autorisation. Il est également prévu que la totalité des équipements de radiotéléphonie mobile soit capable de distribuer 240 Mbps par secteur à la fin de l’année 2030 avec une étape à 90 % en 2025.

Certains commentateurs compulsifs exploitent ces deux contraintes fortes pour attaquer, sur les forums spécialisés, le groupe Iliad sur sa politique de déploiement de son réseau mobile (il ne nous appartient pas de leur faire de la publicité, chacun saura les reconnaître). Ces assertions sont récurrentes à chaque publication mensuelle de l’Observatoire de l’ANFR et génère des débats aussi interminables qu’insipides à cette occasion.

Nous ne nous attacherons ici qu’à traiter la 2ème et la 3ème obligations qui sont l’objet de ces critiques, enfin pour le moment.

Nature des critiques et élaboration des raisonnements utilisés

Ces critiques se basent sur le calcul de la valeur résiduelle moyennée sur la période restant à courir. La « manip » consiste à la comparer à la dernière publication mensuelle si elle s’avère inférieure. L’idée sous-jacente consiste à laisser entendre que Freemobile ne réalisera pas l’objectif annoncé. Certains, dans leur délire, n’hésitent pas à calculer le montant de l’amende que l’ARCEP ne manquera pas d’infliger à Freemobile et à imaginer une foultitude de contraintes techniques justifiant l’incapacité supposée de l’opérateur, telle que le poids des panneaux 3,5 GHz (50 kg pièce), la nécessaire refonte de l’installation électrique pour absorber l’augmentation d’intensité, le remplacement de l’alimentation électrique (triphasé) et plus encore.

Le simple examen de ce graphique des publications mensuelles de l’ANFR démontre qu’elles peuvent varier d’un facteur 4 (272 vs 67) et qu’il n’est donc pas très sérieux de fonder son raisonnement sur l’une d’entre elles. En s’appuyant sur une période plus large, comme un trimestre ou une année, le problème est de choisir une période présentant les mêmes contraintes. Hors le choix de l’année 2023 est le pire des choix avec ses 1168 sites activés en bande large contre 2177 en 2021 (voir graphique à suivre : Politique de modernisation : réalisation).

Autres projections possibles

Une simple projection mécanique (extrapolation linéaire) à partir des publications mensuelles de l’ANFR pourrait paraître plus pertinente.
Elle permettrait aussi de conclure à l’impossibilité d’atteindre l’objectif ou l’inverse.
Tout dépend – là aussi – de la période choisie en référence.
En prenant l’ensemble de la période initiée par le lancement de la 5G, on conclurait à l’échec probable sur les deux objectifs (8000 et 10500).

En prenant une référence plus récente, les 6 derniers mois, la conclusion est différente. L’atteinte des deux objectifs est probable sous réserve d’un effort modeste sur les derniers mois pour le premier.

Mais la projection précédente méconnaît la différence de déploiement entre sites neufs et existants.
En intégrant le déploiement de nouveaux sites dont une bonne partie bénéficie de la nouvelle fréquence, on peut constater que les 8000 sites ne représenteront plus que 35 % de l’ensemble des sites hors zone blanche et que les sites équipés seront exactement au même niveau, donc atteindront les 8000 sites.

Analyses tenant compte du stock résiduel de projets approuvés non réalisés à date

Selon l’ANFR, au 20 septembre 2024, Freemobile dispose d’un stock de 2885 sites déclarés avec la fréquence 3500 MHz et non techniquement opérationnels à cette date. On peut les décomposer entre 1373 sites en service sur au moins une autre fréquence et 1512 sites à construire ou en cours de construction, mais non opérationnels au sens de l’ANFR.
Les sites en service, dès lors qu’ils disposent d’une BTS compatible 5G (~13000 sites) ne nécessitent qu’un simple ajout de 2 ou 3 panneaux 3500 MHz (upgrade). Selon les DIM déposés en mairie par Orange, un upgrade peut être réalisé en 3 semaines. L’investissement est modéré et compris entre 20 et 25 % d’un site neuf.
Les sites en attente de mise en service (projets approuvés) nécessitent des travaux beaucoup plus complexes pouvant parfois imposer l’érection d’un nouveau pylône. De fait, le process peut s’étaler sur plusieurs mois, voire années. En règle générale, on peut tabler sur 12 mois pour un site simple et 18 mois sur un site plus complexe.

L’investissement est beaucoup plus onéreux, mais parfois nécessaire pour densifier les zones les plus peuplées imparfaitement couvertes.
La situation actuelle est la suivante lorsque que l’on éclate les sites déjà équipés entre les deux catégories (neufs et upgrades) et l’année de construction.

L’enjeu consiste donc à déterminer le taux de réalisation applicable aux deux catégories de sites à activer. Il est en effet exclu que 100 % des sites déclarés soient opérationnels dans les 3 prochains mois. Il est donc nécessaire d’appliquer au parc neuf, un taux de réalisation différencié selon l’année de déclaration de la fréquence 3500 MHz et il est conseillé que ces taux soient aussi réalistes que possible.

L’année 2021 était sous la contrainte des 3000 sites à équiper avant 2022 et son volume assez proche des 2500 sites à réaliser en 2024. Elle peut donc servir utilement de référence.
Si l’on applique les taux de réalisation pratiqués en 2021 sur des équipements 3500 MHz pour des sites neufs, Freemobile devrait être en mesure de livrer, en 2024, 1275 nouveaux sites équipés en 5G large bande (soit ~42% des 1512 sites en projet approuvé 3500 MHz en plus des 638 sites déjà opérationnels).

  • Pour obtenir un total de plus de 8000 sites opérationnels à la fin de l’année 2024, il suffit de finaliser ~25% des 1373 sites existants déclarés en 5G large bande, mais non opérationnels à ce jour (à upgrader).
  • Pour obtenir un total de 8500 sites opérationnels, il faudrait finaliser 60 % des 1373 sites à upgrader.
  • Pour obtenir un total de 8750 sites opérationnels, il faudrait finaliser 80 % des 1373 sites à upgrader.

On peut considérer que la construction de nouveaux sites est une voie trop onéreuse pour atteindre l’objectif fixé par ARCEP ou bien que l’alignement sur la pratique de l’année 2021 est trop ambitieuse en 2024.

Si l’on applique des taux de réalisation largement inférieurs à ceux obtenus en 2021 sur des équipements 3500 MHz pour des sites neufs (voir encadré sur les taux de réalisation figurant sur le graphe), Freemobile devrait être en mesure de livrer, en 2024, 1017 nouveaux sites équipés en 5G large bande (soit ~25% des 1512 sites en projet approuvé 3500 MHz en plus de ceux déjà opérationnels).

  • Pour obtenir un total de plus de 8000 sites opérationnels à la fin de l’année 2024, il suffit alors de finaliser ~44% des 1373 sites existants déclarés en 5G large bande, mais non opérationnels à ce jour.

Que peut-on en dire aujourd’hui ?

La projection dans le futur à partir d‘éléments du passé est un exercice périlleux et peut conduire à des conclusions erronées, même s’il est réalisé avec soin en s’appuyant sur des éléments peu contestables.
Seul Freemobile peut utilement répondre à la question de la réalisation de l’objectif de l’ARCEP.
Et cela tombe bien, Nicolas Thomas, Directeur Général de Free France a justement répondu à cette question dans une interview récente.
«Nous sommes assez sereins sur nos obligations de couverture pour la fin de l’année».
La messe est dite.


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