Observatoire des débits – Zoom sur 20 grandes villes de France (année 2023)

Iillustration par TomZZ


Les 20 plus grandes villes représentent 11,6% de la population métropolitaine. La plus grande concentration de l’habitat justifie un développement plus rapide de la 5G, notamment de sa variante apportant une largeur de bande complémentaire de 70 MHz en 3,5 GHz.
Nous avons donc cherché à connaître l’avancement du déploiement sur ce parc privilégié.

Nota méthodologique : Il s’agit, dans cette analyse, des communes stricto sensu et non des aires urbaines.


I – Contexte

I – 1 Nombre d’équipements en fréquences 5G

NB : La ville d’Aix-en-Provence a devancé la ville de Nîmes en population municipale entre 2020 et 2021 dans les statistiques INSEE. Elle remplace ainsi cette dernière qui figurait dans l’analyse de 2022.

Le déploiement de la fréquence haute (et large) amenant le plus en performances est assez hétérogène.
Paris intra-muros, avec ses plus de deux millions d’habitants, est assez logiquement, de très loin en tête du peloton en valeur absolue. Étonnement, Orange est devancé avec ses 295 sites équipés au 1er janvier 2024 contre 303 pour Freemobile.
Les quatre autres plus grandes villes, Marseille, Lyon, Nice et Toulouse dépassent les cinquante sites équipés en large bande, mais Freemobile reste en retrait sur le déploiement des trois autres opérateurs.
Dans quelques villes, Freemobile semble avoir des difficultés à déployer la fréquence haute, mais aussi et surtout à trouver des points hauts lui permettant de densifier dans toutes les fréquences.


L’examen des pourcentages de fréquences par sites selon leurs trois familles de situation (5G performante en bleu foncé, 5G équivalente en performance à la 4G en bleu clair et 4G seule en vert), permet de mieux visualiser les différences d’avancement du projet 5G au sein du parc de Freemobile dans les vingt grandes villes.


I – 2 Pourcentages d’équipements par technologie

Nota méthodologique : Certaines villes auraient pu être désavantagées (en pourcentage) par la présence d’un parc de sites indoor. Il s’agit essentiellement des communes disposant de lignes de métro ou de tunnels qui n’ont pas vocation à être équipées en 5G à court terme. Pour l’éviter, les calculs sont conduits hors sites Indoor (variable Nat_ID <> 8, 9 ou 10).

Si le regroupement des vingt villes se situe assez logiquement plus de deux fois au-dessus de la valeur nationale en termes d’équipements en fréquence haute (60% vs 26%), la disparité entre les villes est considérable (de 38% à Aix-en-Provence vs 96% à Dijon).
Six villes outrepassent les trois quarts des sites équipés en large bande. Il s’agit de Dijon (96%), Nice et Toulon (81%), Bordeaux (80%), Le Havre (79%), Villeurbanne (76%).
Sept dépassent le taux de 60 %. Ce sont : Toulouse (73%), Angers (71%), Lille (69%), Grenoble (64%), Montpellier (62%), Reims et Saint-Étienne (61%).
Quatre dépassent à peine le taux de 50 %. Ce sont des villes parmi les plus peuplées : Nantes (58%), Paris (53%), Lyon (51%), Marseille (50%).
Enfin, il reste trois villes n’atteignant pas cette valeur, à savoir : Rennes (43%), Strasbourg (40%) et Aix-en-Provence (38%).


Nota : L’analyse en termes de pourcentage des points hauts disponibles dans une ville ne permet pas de mettre en évidence le manque de densification du parc installé toutes fréquences confondues. Le graphe suivant qui s’appuie sur le ratio d’habitants desservis par un site équipé des fréquences larges permet de compléter l’analyse.


I – 3 – Ratios habitants des 20 villes par site équipé en 5G large bande

Ce graphe met en évidence des disparités importantes d’équipement en fréquence haute dans une proportion de un à quatre.

Dijon – dont 96 % des sites sont équipés en 3,5 GHz, figure naturellement en tête de ce ratio grâce à une densification aboutie (en référence aux trois autres opérateurs). Son ratio se situe à la moitié du ratio des 20 villes (3783 vs 7692).
De même, les villes de Nice, Lille, Villeurbanne, Bordeaux, Toulouse, Toulon, Le Havre et même Paris disposent d’un ratio compris entre 5000 et 7692 qui les place en meilleure position que l’ensemble des 20 villes.
A contrario, Angers, Reims, Saint-Étienne, Marseille, Lyon, Montpellier, Aix-en-Provence, Nantes et Grenoble dépassent le ratio des vingt villes (7692) tout en restant en-deça du ratio métropolitain (11893).
Rennes (15279) et Strasbourg (14011) sont en retrait en regard du ratio métropolitain (>11893).
Pour les villes en queue de ce classement, il faudra non seulement poursuivre l’effort d’upgrade des points hauts, mais Freemobile devra au préalable densifier son parc d’antenne.

Rappel : Voir le déploiement des 4 opérateurs mobiles dans les 20 villes au 01/01/2024 pour visualiser le retard en termes de points hauts.


II – Analyse des résultats

II – 1 – Tableau des médianes et moyennes de 20 villes et autres indications utiles

Le tableau ci-dessus présente les informations suivantes pour chacune des vingt villes mentionnées ainsi que leur regroupement et la Métropole:

• la population concernée (INSEE 2021),
• le nombre de tests de débits réalisés en 5G dans la commune en 2023,
• les valeurs des mesures de débits descendants moyens mesurés en 5G (maxi, moyenne et médiane),
• le nombre d’antennes en service présentes dans la commune(**) et leur capacité d’émission (sites actifs toutes fréquences et technologies, dont ceux émettant en 5G toutes fréquences et dont ceux recourant à la fréquence de 3,5 GHz),
• la part relative de ces trois situations (émission en 4G uniquement et en 5G avec ou sans bande haute),
• le nombre d’habitants ramenés au nombre d’antennes en service émettant sur la fréquence 3,5 GHz qui seule apporte une amélioration substantielle des débits.

La dernière ligne représente les résultats regroupés sur l’ensemble des vingt communes et la première ligne de données indique les mêmes éléments à l’échelle métropolitaine.

Les valeurs non représentatives figurent avec un fond gris clair lorsque la base dispose de moins de 500 mesures. Les valeurs les moins signifiantes sont en gris foncé quand leur nombre est inférieur à 100.

Rappel : Il s’agit des communes au sens strict et non des aires urbaines. En zone limitrophe entre deux communes, la mesure étant affectée à la position de la mesure, peut concerner l’antenne de la localité voisine. Néanmoins, ce cas de figure est assez exceptionnel.


II – 2 – Graphes des médianes, moyennes et ratio habitants des 20 villes

Les principales valeurs du tableau ci-dessous sont représentées graphiquement pour en faciliter la lecture et l’interprétation pour les valeurs médianes, les moyennes et le ratio habitants.

II – 2a – Graphes des médianes des 20 villes

Les valeurs médianes sont représentées sur le graphique ci-dessous.

Si la valeur médiane des vingt villes est supérieure de 10 % à la médiane métropolitaine (412 Mbps vs 373 Mbps), les valeurs extrêmes oscillent entre 200 Mbps à Marseille et 803 Mbps à Aix-en-Provence.
En ne tenant compte que des communes disposant d’un nombre acceptable de mesures (>500), la fourchette se resserre entre 356 Mbps à Paris et 726 Mbps à Bordeaux. Les écarts peuvent paraître importants, mais le taux d’équipement en fréquence haute est très différent (56% à Paris et 80 % à Bordeaux). De plus, avec un taux de couverture élevé, l’effet intersite est fortement mis à contribution.


II – 2b – Graphes des moyennes des 20 villes

Les valeurs moyennes sont représentées sur le graphique ci-dessous. Elles ne sont fournies qu’à titre indicatif car leur valeur est peu signifiante.


L’analyse des profils de débit par ville figure au paragraphe suivant pour les villes disposant d’un nombre suffisant de mesures de débits.


III – Profil des grandes villes les plus testées

Les profils de débit des communes sont comparés aux valeurs métropolitaines représentées en pointillé pour les 5 villes présentant un nombre suffisant de mesures.

Rappel : La base utilisée intègre toutes les mesures effectuées au cours de l’année 2023 (on se reportera à l’ Observatoire des débits – Bilan annuel 2023 pour ce qui concerne les comparaisons temporelles au niveau métropolitain).

Sur les 66 902 tests 5G effectués en métropole, 7276 ont été mesurés dans les 20 plus grandes villes (soit 10,9 % contre un ratio d’habitants de 11,6%). Globalement, elles sont donc très légèrement moins testées que l’ensemble du territoire métropolitain.
Le taux de présence de la 5G 3,5 GHz sur les 20 villes est de 60% contre 26% à l’échelle métropolitaine. Il est passé en un an de 42 % à 60 %.
La conversion en 5G est plus avancée sur ces villes, puisqu’il ne reste que 13% de sites n’émettant qu’en 4G contre 28% sur l’ensemble de la métropole.
Logiquement, le ratio des habitants par sites dotés de la fréquence 3,5 GHz est meilleur qu’en métropole (7692 vs 11893).
Neuf villes présentent un ratio plus favorable que leur regroupement (<8000). En revanche, cinq d’entre elles présentent un score supérieur à 10000.
Ces derniers chiffres reflètent une sous-densification de ces communes, doublées d’un sous-équipement en fréquences hautes. Si la sous-densification – qui provient de la difficulté à trouver de nouveaux points hauts dans un habitat urbain dense à très dense-, risque de perdurer, le sous-équipement devrait être plus facile à surmonter (hors contraintes chantier spécifiques).


III a – Profil de l’ensemble des 20 villes

En référence à la métropole sur l’année 2023, le profil des 20 villes montre une amélioration des performances sur l’ensemble du spectre. Le gain est de 11 % sur le dernier décile et de 10 % sur la médiane.


III b – Profil de Paris

Le profil parisien montre une légère amélioration sur la moitié inférieure de l’échantillon en référence à la courbe métropolitaine. En revanche, les performances sont moins bonnes que l’échantillon national sur la part la plus performante de l’échantillon. Globalement, la médiane régresse de 5 %.


III c – Profil de Bordeaux

Le graphe bordelais met en valeur un progrès constant dès le premier percentile (donc touchant 99% de l’échantillon). La ville dispose d’un parc d’antenne bien doté en fréquences hautes (80%) et basse (18%) et d’une modernisation assez complète (seulement 2% des sites restent en 4G en fin d’année 2023). La médiane progresse de 95 %. Le premier et le dernier quartile s’améliorent de 114 % et 61 %.


III d – Profil de Toulon

Les antennes sont correctement dotées en fréquence haute (25 sites sur 30) et l’unique site non converti en 5G, ne pèse donc que 3 %. De plus, une partie des cinq sites équipés uniquement de la fréquence 5G 700 MHz semble bénéficier de l’effet intersite (records de débit descendant mesuré à plus de 500 Mbps).
Le profil s’établit au-dessus du profil métropolitain sur l’ensemble du spectre à l’exception du dernier percentile. La médiane ne s’améliore que de 19 %, mais la fourchette centrale regroupant la moitié de l’échantillon se déplace nettement de 195-584 Mbps à 302-654 Mbps.


III e – Profil de Saint-Étienne

Le taux de présence de la fréquence haute (61%) est nettement supérieur à la métropole (21%). Le profil stéphanois dépasse donc logiquement le niveau national sur l’ensemble du spectre sauf sur le dernier pourcent.
La médiane est améliorée de 57%, la fourchette centrale progresse de 92% pour le seuil bas et de 24% sur le seuil haut.


III f – Profil de Reims

Le profil rémois est très proche du profil national, notamment sur la meilleure partie de l’échantillon. L’amélioration est faible sur la médiane (+12%) et légèrement améliorée sur le premier quartile (25%). La proportion de sites équipés en fréquence haute est proche de la moyenne nationale (61 % vs 60%).


III g – Autres villes

La faible taille de l’échantillon des autres villes ne permet pas de formuler une appréciation utile à partir du profil. Nous laissons le lecteur analyser les résultats à partir des éléments du tableau.


La déclinaison relative aux vingt villes est terminée. Nous nous retrouverons bientôt pour d’autres analyses, restez à l’écoute.

>> L’ensemble des analyses de l’observatoire 2023 peut se trouver ici <<